Le “no bra” : un phénomène qui prend de l’ampleur
Suite au confinement, un vrai recul a été constaté sur l’achat et le port de soutiens-gorge : plus de liberté et de confort, moins de conformisme… Le télétravail, les cours à distance ont popularisé la pratique du “sans soutien-gorge” qui s’était déjà fait entendre avec le mouvement Free the nipple en 2012 ou plus récemment le #nobrachallenge en 2018. My name is – And you who are you s’est inspirée de cette nouvelle tendance pour proposer une illustration «Fuck les soutifs» dont chaque exemplaire est unique et fabriqué à la demande au Fab Lab à Grenoble. Nous vous proposons un zoom sur ce phénomène de mode.
Vers la libération du corps de la femme ?
Le non-port du soutien-gorge vient d’une envie de libération du corps de la femme. Paradoxalement, c’est ce même critère qui a poussé les femmes à l’utiliser. En effet, sa création en 1889 par Herminie Cadolle est vue comme une révolution permettant aux femmes de se libérer des corsets trop serrés. Initialement, cet outil est même renommé “bien-être”. C’est l’ajout d’armatures, d’élastiques, de mousses ou encore de coussinets dans les années 1990 qui rend son utilisation de plus en plus contraignante.
Marques rouges sur la peau, seins comprimés, irritations, sensation d’inconfort, la liste des plaintes est longue. Beaucoup de femmes s’empressent même de retirer leurs soutiens-gorge une fois arrivées chez elles pour s’en débarrasser et mieux respirer. Le soutien-gorge est un outil de formatage des seins, destiné à les faire correspondre à une norme sociale qui dit que la poitrine doit être ronde et haute. Le non-port du soutien-gorge est devenu tabou dans la mesure où il laisse apparaître des formes et des tailles de seins différentes, qu’on a longtemps voulu cacher.
Margot
Je ne porte plus de soutif depuis 4 ans, je me suis rendue compte que ça ne servait à rien et que j’en mettais parce que depuis toute petite on m’avait appris à en mettre. J’ai arrêté d’en porter progressivement, j’ai commencé l’hiver et au début je ne mettais que des habits larges pour pas que ça se remarque. On a pas l’habitude de voir la vraie forme des seins.
Toutefois, le soutien-gorge n’est pas toujours perçu comme une gêne, il peut aussi être un élément de séduction, qui permet de mettre en valeur un décolleté. Il peut jouer un rôle important dans la vie amoureuse et sexuelle d’une femme : porter de la belle lingerie est une source de plaisir pour certaines personnes.
Un besoin fabriqué dont il est difficile de se détacher
La diversité des poitrines, de par leur forme ou leur taille, ne donne pas, en théorie, le même choix à toutes. Il s’avère qu’une poitrine volumineuse, non soutenue, peut se révéler douloureuse. Dans ce cas-là, le port du soutien-gorge est essentiel, bien que la brassière existe en tant qu’alternative. Toutefois, il faut savoir que le système suspenseur, qui aide au maintien, existe quelle que soit la taille de la poitrine. Jean-Denis Rouillon, un médecin du sport a mené une thèse auprès de plusieurs femmes. Au total il a ausculté et mesuré l’évolution de plus de 300 paires de seins. Il en est arrivé à la conclusion qu’un sein, au départ, peut s’assumer tout seul grâce aux ligaments de Cooper. Toutefois, le port du soutien-gorge sur quelques années, notamment durant la période de croissance des seins, va impacter le système suspenseur. D’un point de vue économique, la société a généré un faux besoin dont la femme est ensuite devenue dépendante. Cependant, selon le médecin, au bout d’un an d’arrêt, le sein pourrait se réadapter à la pesanteur et aux pratiques sportives. De plus, les douleurs partiraient et les mamelons gagneraient un peu de hauteur.
Je porte des soutiens-gorge car je trouve que c’est plus joli au niveau décolleté et je suis plus à l’aise avec étant donné que j’ai une grosse poitrine. Cette année, les cours à distance m’ont aidé à moins en porter et mes seins tiennent mieux maintenant.
Laura
Le tabou des tétons
Le paradoxe du soutien-gorge est qu’il vient à la fois exposer les seins en les rehaussant ou en agrandissant leur taille, mais qu’il sert aussi à les cacher en effaçant complètement les tétons. Dans la société actuelle, le fait de voir les tétons au travers du T-shirt est mal perçu, voire jugé aguicheur. Un vrai tabou s’opère autour du téton de la femme qui se retrouve même censuré sur les réseaux sociaux, à l’inverse des tétons masculins. La société accorde une double signification au sein : il est nourricier mais aussi érotique, et donc à préserver des regards. Pour une femme, assumer qu’on voit la forme de ses tétons à travers ses vêtements n’est donc pas si simple.
Soukaïna
Je suis jalouse des personnes qui ont le courage de s’afficher sans soutien-gorge. J’espère que j’arriverai à ne plus en porter mais avec le regard des autres dans la rue c’est difficile.
Je vois pas pourquoi on sexualiserait la poitrine d’une femme alors qu’on ne sexualise pas du tout celle d’un homme. Fuck les soutifs, les préjugés, les jugements et toutes les remarques en général, c’est tellement plus agréable de ne plus porter de soutien-gorge !
Inès
La lingerie du futur c’est quoi ?
En France, avec les confinements successifs, les ventes de prêt-à-porter sont en baisse et la lingerie ne fait pas figure d’exception. Les marques proposent de plus en plus de modèles sans armatures, plus confortables, pour tenter de garder leur clientèle. Chez My name is, on voit les choses un peu différemment. On souhaite que notre communauté soit à l’aise, dans des vêtements décalés qui ne se plient pas aux normes de la société. Que vous portiez nos T-shirts avec ou sans soutien-gorge, le choix reste le vôtre. Mais si on peut vous aider à passer le cap et à libérer vos tétons, alors nous avons réussi notre mission 🙂
Maïlice
Si une fille se sent à l’aise de sortir sans soutif, qu’elle le fasse. Elle vit sa vie par rapport à elle et non pas par rapport aux autres.